Infos :Titre : IKIGAMI : Préavis de Mort
Titre VO: イキガミ
Titre traduit: Ikigami
Titre US: Ikigame- The Ultimate Limit
De MOTORO Mase / MOTORO Mase
IKIGAMI
Motoro Mase / Shogakukan Inc.
Type : Seinen
Genre : Suspense, Drame
Collection : Seinen - Asuka
Editeur France : Asuka
Editeur Japon : Shogakukan
1er date parution au Japon : 2005
Prépublication : Young Sunday Weekly
Date de publication : 29 Janvier 2009
Nbr de volume(s) France : 4 (En cours)
Nbr de volume(s) Japon : 7 (En cours)
Nombre de pages : 208
Age conseillé : 16 ans
Prix public : 8.50 EUR
Site officiel :
http://www.ikigami.fr/index.htmlRésumé (tiré du Tome 1) : Dans ce pays, tous les enfants sont vaccinés à leur entrée à l'école. Mais un vaccin sur mille contient une micro-capsule qui explosera entre l'âge de 18 et 24 ans, causant la mort de la personne.
Le fonctionnaire Fujimoto a pour mission de délivrer dans sa circonscription l'Ikigami, le préavis de décès annonçant qu'il ne reste plus que 24 heures avant explosion de la capsule. En suivant de près ou de loin le sort des hommes et des femmes à qui il vient annoncer la mort, il en vient à se poser des questions interdites sur la légitimité de cette "Loi pour la Prospérité Nationale".
Un Thriller d'anticipation où l'émotion suscitée par ces destins brisés se heurte à la terreur d'une société à la fois extrêmement proche de la nôtre et affreusement aliénée par l'idéologie.
Mon point de vue :Quand Mina m’a parlé d’Ikigami, j’ai tout de suite été intéressé. Une histoire assez noire, posant un réel problème d’éthique, en y mêlant politique et morale, cela me faisait penser à Battle Royale que j’adore et un petit peu à Death Note que j’aime autant. Et en lisant le premier tome je n’ai pas été déçu. Tout est présent, le cadre, une société démocratico-totalitaire, tournant sous le symbole d’une loi : la prospérité nationale.
Cette loi qui suscite tant d’effroi qu’elle en est censée nous faire prendre conscience de l’importance de la vie.
Totalement aliénée, la population vit sous le contrôle de ces micro capsules qui, désignant par le plus grand des hasards, le malheureux élu qui décèdera avant ses 24 ans, est injectée à des êtres innocents, qui n’ont pour seul dessein que de s’accomplir dans la vie. Bien sûr, il subsiste des gens contre mais ils ne sauraient risquer de mettre leur opinion en exergue tant le régime maintient une politique froide et hostile à l’égard de l’opposition... Ce qui me fait penser à un régime pseudo-totalitaire où régnerait une certaine terreur.
Une fois placé dans le contexte, il y a l’histoire, celle de Fujimoto qui, jeune employé, livre la plus terrible des nouvelles : le préavis de mort ou Ikigami en japonais. En bon patriote, il accomplit avec ferveur sa tâche mais malgré le temps qui passe, il se pose toujours quelques questions d’ordre éthique.
Enfin, dans l’histoire, il y a les histoires, et c’est sans doute celles-ci qui pour le moment sont les plus percutantes. En effet, les premiers tomes sont construits sous formes d’épisodes. A chacun de ces épisodes l’on suit une nouvelle personne qui porte la maudite capsule, l’auteur nous livre son cadre personnel, sa vie, ses sentiments, jusqu’au moment où il apprend la nouvelle, puis l’on suit le personnage pour ses 24 dernières heures.
Chaque histoire avait sa particularité et chaque personnage ses problèmes, chacune d’entre elle m’a touché et m’a fait profondément réfléchir sur divers questions d’ordre moral, la vie, l’amitié…
En peu de temps l’auteur nous imprègne d’un sentiment profond, et il suffit d’une journée pour cibler un individu. Placé dans ce contexte, cette individu évoluera plus ou moins différemment selon son vécu, et c’est intéressant d’étudier son comportement de manière quasi scientifique.
Par exemple, dans le premier tome, les deux épisodes parlent d’un homme qui tente d’avancer dans la vie, après avoir vécu une jeunesse effroyable, étant victime de sévices et de brimades de la part des autres jeunes, et celle d’un chanteur/musicien qui pour obtenir la célébrité et la gloire va s’écarter de son meilleur ami. Deux cas complètement différents, traités donc de manière différente également, chacun soulève un problème précis, alors que le personnage du premier épisode avait vécu une misérable vie qu’il ne pensait pas valoir la peine de vivre et qui remontait enfin la pente apprend que c’est déjà la fin : la vie vaut-elle vraiment la peine d’être vécue ?!
Dans le cas de Fujimoto la question qui se pose est : mérite-t-il une telle destinée ?! Bien sûr, dans cette société aliénante, c’est un honneur de mourir pour la prospérité nationale, et d’ailleurs la famille du défunt perçoit une rente. Pour le cas du musicien, ce sont les relations d’amitiés qui sont mises en cause : qu’est-ce donc une véritable amitié ?! A chacun son histoire, son identité… Fujimoto lui, évoluera sans doute selon les cas qu’il aura à traiter, et peut-être comprendra-t-il que cette loi n’est pas forcément bonne.
Ça, je ne le sais pas encore. Mais ce qui est sûr, c’est que ce Seinen, à l’allure de thriller, est à considérer comme un roman noir, d’une qualité irréprochable, tant dans le scénario qu’au niveau du coup de crayon qui est assez réaliste. L’émotion qu’il suscite jette un froid, tant la société qui est décrite est semblable à la nôtre, et qu’une telle loi pourrait très bien voir le jour dans un futur plus ou moins proche.
Comme pour Battle Royale, ou Death Note, Ikigami soulève un problème très symptomatique du japon : la mort. Et à travers celle-ci, dévoile toutes les tares de notre société, de nos mœurs, de notre façon de pensée, qui fait de cette œuvre un compte philosophique ouvert même si il n’attends pas forcément le rang de « coup de gueule » associé à Battle Royale, il suscite autant d’émotion, en nous projetant simplement dans la dernière journée d’un condamné.
Donc n’oubliez pas, que feriez-vous de vos dernières 24 heures ?
Images :